Du pot de yaourt aux lingots d’or, la saga ‘’horribilus’’ d’Ouyahia, le commis de l’Etat

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Se lâchant en audience lors de sa comparution en appel, samedi, à la Cour d’Alger, l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a stupéfié, encore une fois, son monde, en révélant avoir reçu des lingots d’émirs arabes, moyennant leur braconnage d’une faune rarissime dans le désert algérien.
Au-delà d’un tel deal tacite répréhensible, c’est la thésaurisation d’un pactole que lui-même a estimé à 35 milliards de centime, qui heurte violemment les règles de l’éthique, à fortiori quand on exerce les plus hautes fonctions de l’Etat.
Et, pis, quand on s’évertue, en tant que gouvernant à dispenser les vertus de l’austérité draconiennes à ses gouvernés, au point de les sommer de se passer du vulgaire pot de yaourt !
Il y a, par-là, comme une saga ‘’horribulus’’ de celui qui s’astreignait encore, alors au sommet de sa gloire, à faire le lit à «un destin national» encore plus grand.
Dans sa plaidoirie désespérée de sauver sa tête, Ahmed Ouyahia eut encore une piteuse posture qui confine à l’anecdote : le Premier ministre usait des voies, occultes, du marché noir pour écouler son butin, ‘’oubliant’’ même de le porter à son patrimoine. On peut oublier un yaourt qu’on a consommé, ou non, mais 35 milliards !
En définitive, ces bribes de confessions, qui sidèrent, ont pour impact imparable de prononcer, non pas la rupture, mais la déchirure irréversible de la confiance gouvernants- gouvernés.
Plus que quiconque, le « commis de l’Etat », comme il se définissait lui-même, Ahmed Ouyahia passe pour être celui qui s’est le plus employé, tant en qualité de chef de gouvernement que SG de parti, à donner une façade moralisatrice à ses discours, empreints de suffisance et d’arrogance.
Si l’effet du boomerang a déconstruit fondamentalement le pacte social, son retour est des plus durs pour son lanceur, qui aura déjà beaucoup payé ,jusque-là.
Azzouz Koufi