François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie : «c’est par l’Algérie que j’ai découvert le monde arabe et sa culture»

0
François Gouyette, hier lors d'une rencontre avec le public à l'IFA

François Gouyette, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française en Algérie est un fin connaisseur de la culture magrébine, notamment son patrimoine musical.
Du Hawzi au Maalouf en passant par le chaabi et l’andalous, le public venu à sa rencontre, le lundi 13 octobre à l’Institut français d’Alger (IFA) été émerveillé, l’écoutant réciter des vers de poèmes puisés dans le riche répertoire de poètes arabes anciens, avant de les traduire dans la langue de Molières.
Dans le cinéma, le diplomate français a dit garder en mémoire d’anciens films algériens des années soixante-dix ainsi que les noms de leurs réalisateurs, à l’image du scénariste Merzak Allouache.
François Gouyette n’a pas manqué, non plus, d’évoquer la littérature algérienne pour laquelle il a affirmé vouer une grande admiration, citant, au passage, la jeune écrivaine Kaouther Adimi.
Un brin nostalgique, il avoue avoir été un mordu de la radio Chaîne III dans les années 70, notamment ses émissions culturelles, se rappelant même que la chaîne d’expression française, diffusait des chanteurs français qui étaient totalement méconnus en France, à l’image de Georges Chelon, auteur de la chansons culte, pourtant, telles ‘’le père prodige’’, ‘’Nous, on s’aime’’ ou encore ‘’Sampa ‘’.
L’aventure cognitive du monde arabe, François Gouyette, l’impute, sans ambages à l’Algérie, expliquant que sa connaissance de ce monde exotique et de sa culture s’est faite via l’Algérie, soulignant par- là un fait exceptionnel dans la mesure où dans le milieu des arabisants ou orientalistes français «rares ceux qui sont venus au monde et la culture arabe via le Magreb et en particulier par l’Algérie», a-t-il fait remarquer.
Dans ce sens, il a estimé qu’au moins 90% de sa génération sont venus au monde arabe par l’Egypte, la Syrie ou le Liban, en tout cas par le Moyen-Orient, et qu’une petite minorité a fait connaissance et s’est introduite dans le monde arabe via les pays du Maghreb.
Après avoir raconté l’histoire de sa découverte du monde arabe et de sa culture, François Gouyette est revenu sur sa relation avec l’Algérie qu’il a découverte en 1969, en compagnie de son père qui travaillait comme banquier à Béjaïa, Constantine puis Alger avant le déclenchement de la guerre de libération nationale en 1954.
A travers ces visites de l’Algérie et ses liens d’amitiés tissés avec des Algériens, François Gouyette a découvert la culture et les traditions algériennes et appris l’arabe dialectal algérien.
Mais pas que. Le nouvel ambassadeur de France en Algérie dit connaitre quelques mots kabyles transmis par son père qui exerçait comme banquier dans la région d’Akbou (Bejaïa) puis au chef-lieu de la wilaya de Bejaïa là où il a vécu pendant la deuxième guerre mondiale avant de regagner l’hexagone avant le déclenchement de la guerre du 1 novembre 1954.
Il a tenu à préciser que sa famille n’est pas pied-noir et que le mérite de sa connaissance de la culture algérienne, de l’arabe dialectal et de quelques mots kabyles revient à son père, allant jusqu’à prononcé devant le public une phrase en kabyle «awid afus-ik a-mis n-tmurt»
Enfin, François Gouyette a abordé sa nomination en tant qu’ambassadeur de France à Alger et qu’il a qualifiée de «couronnement» d’une carrière diplomatique.
Un mot très fort pour dire toute l’importance que revêt le poste de l’ambassadeur de France en Algérie. Plus explicite, il a estimé que «dans la nomenclature des postes diplomatiques pour la France, l’Algérie est un poste de première importance».
Bon hasard du sort ? C’est par l’Algérie que François Gouyette avait fait connaissance du monde arabe et de sa culture et c’est par elle qu’il achèvera sa longue carrière diplomatique, avant une retraite bien méritée !

Hacène Nait Amara