Marocgate : l’ex-eurodéputé Panzeri va collaborer avec la justice

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Marocgate : l'ex-eurodéputé Panzeri va collaborer avec la justice

L’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, impliqué dans le « Marocgate », retentissant scandale de corruption au sein du Parlement européen, a signé mardi un accord avec le parquet fédéral belge prévoyant qu’il collaborera désormais avec les enquêteurs en échange d’une peine de prison ferme « limitée ».

« A travers ce mémorandum », précise le parquet dans un communiqué, « il s’engage à informer les enquêteurs et la justice notamment sur le modus operandi (de la fraude présumée), les arrangements financiers avec des états tiers, les constructions financières mises en place, et les bénéficiaires des structures mises en place et avantages proposés ».

Ses déclarations devront être « substantielles, révélatrices, sincères et complètes » sur sa participation aux faits reprochés et celle de tiers, ajoute le texte. En outre, Panzeri, qui est actuellement écroué, devra aussi renseigner les enquêteurs sur « l’implication des personnes connues ou non encore connues dans le dossier, en ce compris l’identité des personnes qu’il admet avoir corrompues ».

En échange de cette collaboration, prévue en Belgique par une loi de 2018 sur le statut de « repenti », « la peine encourue par M. Panzeri sera effective mais limitée. Elle comprendra de la prison ferme, une amende et la confiscation de tous les avantages patrimoniaux acquis, évalués pour l’instant à un million d’euros », poursuit le communiqué. Selon son avocat Laurent Kennes, « une peine de cinq ans sera prononcée, mais avec du sursis pour la partie excédant un an.

Il va subir un an en détention, dont une partie sous bracelet électronique ». Pier Antonio Panzeri, 67 ans, avait été arrêté à Bruxelles le 9 décembre, jour aussi de l’arrestation d’une vice-présidente du Parlement européen, l’élue socialiste grecque Eva Kaili, et d’un assistant parlementaire italien, Francesco Giorgi pour avoir perçu des fonds, notamment du Maroc, à l’effet d’appuyer ses intérêts au Parlement européen.

Dans cette enquête confiée à l’été 2022 au juge d’instruction belge Michel Claise, une perquisition au domicile bruxellois de Panzeri a permis de découvrir la somme de 600.000 euros en espèces, selon une source judiciaire.

Dans un témoignage diffusé par la Radio-télévision belge de la communauté française (RTBF), l’ancienne députée portugaise au Parlement européen, Ana Gomes, qui a côtoyé pendant 15 ans dans l’hémicycle Panzeri, a confirmé que le Maro c est passé par ce dernier pour influencer les politiques européennes.

Qualifiant les pratiques du Makhzen et de leur tête de réseau au Parlement européen, Panzeri, de « machiavéliques », Ana Gomes assure qu’après avoir échoué à briguer un autre mandat en 2019, l’ancien eurodéputé a « profité des réseaux qu’il a construits pendant ses trois mandats pour continuer à servir les intérêts du Maroc.
R. I.