Décès d’Idir : une voix sublime de l’Algérie heureuse s’éteint

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1973. Dans cette Algérie qui baignait dans l’heur sociétal, portée par une jeunesse aux valeurs encore inviolées et aux rêves quasi chastes d’un destin à la hauteur des peuples heureux, Idir s’en vint, à l’instar des grands hommes, marquer de son empreinte une génération si prompte à célébrer la vie dans ses moindres frémissements et pulsions.
Qu’importe les politiques des hommes politiques et leurs horribles perversions.

En cette époque, bénie de Dieu et des hommes vrais et sincères où l’altruisme se le disputait à l’amitié et aux idéaux les plus nobles, l’on pouvait passer toute une tranche de vie avec un ami sans que l’on ne s’encombrât de ses origines ethniques dans une nation qui portait l’amour et la fraternité en bandoulière.

Une belle épopée si propice à l’émergence de dépositaires incontestables de talent et d’art.
Idir n’en faisait pas seulement partie mais en était la parfaite incarnation et ce préambule s’imposait de lui-même s’il s’agissait de mesurer, un tant soit peu, l’immensité de l’enfant de la Kabylie, monceau incontournable de cette Algérie, sans frontières, alors.
Au temps de l’âge d’or de la chanson universelle, Idir apporta sa touche, des particules de pierres précieuses et des partitions de musique qui lui ouvrent les portes de la légende de son vivant, même.

Une voix cristalline, chaude et prenante, le trait empathique et des lunettes d’intello, qu’il est, surmontent des cheveux longs, aux idées toutes aussi longues de la philosophie d’alors, Idir mettra d’emblée les mélomanes à genoux, et le monde entier des décennies plus tard, avec sa chanson culte’’Avava inouva’’.

Un générique que l’Algérie toute entière a fredonné parce que sorti de ses terroirs millénaires. Il enchainera tout autant avec des tubes dont l’un chasse l’autre et partageant son legs inestimable aux quatre coins du monde, avec parfois, les plus grands noms de la chanson contemporaine.
Pour traduire simplement la tolérance et le vivre ensemble, suivant la voie la plus porteuse
Ce dimanche, au petit matin, où le coronavirus a éclipsé le printemps, Idir s’est retiré sur la pointe des pieds, comme seuls les gourous authentiques savent le faire, suscitant une avalanche d’hommages et d’éloges des quatre coins du monde, qui rajoutent à la peine de tous ceux qu’il a laissés orphelins. C’est dire des générations entières auxquelles il a appris à conjuguer le verbe aimer. A tous les temps !

Noufel B .