Ankara met fin à son offensive militaire en Syrie

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La Turquie a annoncé mardi soir qu’elle ne reprendrait pas son offensive militaire contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie car ces dernières se sont retirées des zones frontalières, conformément à l’accord arraché il y a cinq jours par le vice-président américain Mike Pence. De leur côté, les présidents russe et turc, acteurs centraux du conflit syrien, se sont accordés dans la journée sur une prise de contrôle en commun de la majeure partie de cette zone en proie à un conflit croissant entre Ankara et combattants kurdes.

« A ce stade, il n’existe pas de besoin de mener une nouvelle opération », a fait savoir le ministère turc de la Défense dans un communiqué.
La Turquie a lancé le 9 octobre une offensive dans le nord de la Syrie. Baptisée « Source de paix », cette opération visait la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme « terroriste » par Ankara. Puis, en vertu d’une trêve obtenue par Mike Pence, Ankara avait accepté le 17 octobre de suspendre son offensive pendant cinq jours, délai qui a expiré mardi à 19H00 GMT.

Cet accord prévoit la mise en place d’une « zone de sécurité » de 32 km de largeur en territoire syrien. « Au terme de la période de 120 heures, les Etats-Unis ont annoncé que le retrait des YPG de la zone est achevé », a précisé le ministère turc dans son communiqué.
Selon une source diplomatique turque, ce retrait kurde a été confirmé au téléphone par le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo à son homologue turc Mevlut Cavusoglu.

Après six heures de négociations à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont décidé dans un premier temps de déployer des patrouilles militaires russes et syriennes dans les secteurs de la bande frontalière bordant la zone où l’armée turque a déclenché début octobre une opération militaire. Puis, « 150 heures » plus tard, des patrouilles communes, cette fois russo-turques, évolueront dans la zone.

La Turquie gardera néanmoins la haute main sur la zone située entre la ville de Tal Abyad, qu’elle a prise au début de l’offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les derniers combattants kurdes se sont retirés dimanche.

Soit une zone de sécurité d’une longueur de 120 kilomètres sous son contrôle direct, sur les 440 qu’elle réclamait à l’origine. Dans le mémorandum signé mardi à Sotchi, MM. Poutine et Erdogan se sont par ailleurs entendus pour faciliter le retour « volontaire » en Syrie de réfugiés, la Turquie disant vouloir que deux millions d’entre eux retournent en Syrie dans la zone de sécurité qu’elle est en passe de mettre en place.

R. I.